Une rumeur alarmante a circulé sur les réseaux sociaux, attribuant au Comité International de la Croix-Rouge (CICR) un bilan de 40 personnes décédées dans une explosion de bombes dans les camps de déplacés de Lushagala et CEPAC, situés au quartier Mugunga à l’Ouest de Goma (Est de la RDC), le vendredi ce 3 mai.
Cependant, dans un trac partagé dans des groupes WhatsApp le logo du CICR est mis en exergue sur un message avec des émoticônes d'alerte.
“ 🚨🚨Le li bilan provisoire de l'attaque de Mugunga par des bombe de l'armée rwandaise RDF, est de 40 morts. Le monitoring continu. (CICR) ‘’, (sans correction), peut-on lire sur la page Facebook nommée KIVU MISE A JOUR.
Lien de l’infox : https://www.facebook.com/100063894976927/posts/pfbid02oE8Y1uLJ9om5GQwF2NjjWKCakHnf8eLQuoa1fTJLrBxn6F8mabT5WpaaCcDbN1tCl/?mibextid=WC7FNe
Vérification
De première vue, l'on peut déjà remarquer que l'origine de l'information n'est pas remarquable du fait que le message est partagé à des centaines de groupes WhatsApp et Facebook sans aucune signature. En second lieu, En dehors des fautes d'orthographe” Li bilan et des bombe”, la capture du logo du CICR ne laisse aucune trace identifiant l'organisation qui dispose d'un site web pour chaque représentation notamment en RDC aux côtés de ses comptes et pages officielles sur les réseaux sociaux.
Pour sa part, le responsable de communication du CICR au Nord-Kivu, contacté par Eleza Fact pour vérifier ce bilan devenu viral sur les réseaux sociaux en début de soirée du 3 mai, a catégoriquement démenti cette information. Regean Kambale a parlé d'une fausse nouvelle.
''Nous avons déjà vu ce tract qui circule dans des groupes WhatsApp , malheureusement . Nous sommes sur pied de produire un communiqué pour démentir cette fausse information '', confie-t-il à Eleza Fact.
Quelques heures après, le CICR a publié un communiqué de presse sur son site internet pour démentir la fausse alerte et éclairer l'opinion publique
Lire plus : https://www.icrc.org/fr/document/nord-kivu-afflux-inquietant-de-blesses-dans-lhopital-de-goma
Samedi 4 mai 2024, soit 24 heures après le drame, le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général Peter Chirimwami a présenté un bilan de 14 morts et 35 blessés.
L'autorité provinciale a indiqué que le bilan pourrait évoluer au vu du nombre de blessés, dans une vidéo partagée sur la page Facebook officielle du gouvernorat.
En outre, le porte-parole du gouvernement congolais, ministre de communication et des médias a partagé une publication du journaliste Daniel Michombero sur X au sujet de l'explosion dramatique de Mugunga sans aucune précision sur le bilan. Patrick Muyaya a accusé l'armée rwandaise d'être responsable de ce “ crime”.
Lire aussi : https://twitter.com/PatrickMuyaya/status/1786349642407358625?s=19
Au niveau local, le chargé de communication de la mairie de Goma, contacté par Eleza Fact dans la soirée du 3 mai, a indiqué que l'autorité urbaine n'a pas encore fait une quelconque communication à ce sujet.
Conclusion
Bien qu'il soit confirmé qu'un incident a eu lieu au camp de déplacés de Lushagala et CEPAC à l’Ouest de Goma, la CICR qui s’occupe des blessés n’a dressé aucun bilan des morts après l’incident. En effet, les sources du gouvernement provincial consulté par Eleza Fact ont fait officiellement un état de 14 morts et 35 blessés et non les données de la rumeur selon laquelle le CICR aurait confirmé la mort de 40 personnes dans une explosion près de Goma.
Écrit par Jospin Hangi
Édité par Esdras Tsongo et Alain Lukanga
(Cet article a été écrit à l’aide du financement de Free Press Unlimited dans le cadre du projet : Accès à l’information fiable pendant l’état de siège en provinces du Nord-Kivu et Ituri)